Chroniques photographiques Stéphanoises
par Blaise Tandeau de Marsac         
 

 


Macrophotographie, Proxiphotographie... : concepts de base pour réussir vos photographies rapprochées

Définition

La photographie rapprochée peut se définir comme une technique photographique, permettant de photographier des sujets de taille réduite. Tout d'abord, pourquoi "photographie rapprochée" et pas "Macrophotographie" comme on l’entend si souvent?

Il faut savoir que par le terme « Photographie rapprochée » on regroupe la proxiphotographie, la macrophotographie et même la microphotographie. La microphotographie ne sera pas abordée ici, car elle est plus destinée au monde scientifique (au-delà du rapport 10 :1).
Le terme macrophotographie, est souvent assimilé à la photographie rapprochée, mais c’est une erreur ! De plus pour des raisons commerciales, les constructeurs d’APN (Appareils Photo Numériques) utilisent souvent le terme macrophotographie à tort. La plupart des photographies dite "Macro", ne peuvent pas être définies comme telles. Je m'explique : On entend par macrophotographie, une photographie réalisée à partir du rapport 1:1 et au delà (2:1,...5:1 et jusqu’à 10 :1!). La proxiphotographie regroupe les photos réalisées entre les rapports 1 :1 et 1 :10.
Qu'entend-on par rapport 1:1 ?
Le rapport 1 :1 signifie simplement que la taille d’un sujet de 1cm, sera de 1cm sur le capteur. Pour le rapport 10 : 1, signifie qu’un sujet sera 10 fois plus grand sur le capteur qu’en taille réelle. Pour un rapport de 1: 5, le sujet sera 5 fois plus petit sur le capteur qu'en taille réelle.
 

Les accessoires :


Pour obtenir un rapport de 1 :1 et plus, il faut utiliser des accessoires optiques ou mécaniques :

 - Accessoires mécaniques : Les bagues allonges, les soufflets, ou les bagues d’inversion.
Je ne peux pas vous parler précisément de ces accessoires mécaniques, car je ne les ai jamais utilisés, mais ils se placent tous entre l’objectif et le boitier, et permettent de diminuer la distance de mise au point.
Les bagues allonges sont des tubes métalliques de différentes longueurs, qui peuvent s’ajouter pour obtenir des grandissements importants.
Le soufflet, suit le même principe sauf qu’il est beaucoup plus modulable, il est donc plus facile de changer de rapport de grandissement en allongeant ou réduisant le soufflet. Par contre il est beaucoup plus fragile et difficile à utiliser en dehors d’un studio. La perte de luminosité est importante, et s’agrandit avec l’extension du soufflet ou l’ajout de bagues allonges.
La bague d’inversion, se place généralement sur un objectif grand angle et permet de visser l’objectif à l’envers sur le boitier. La focale reste la même, mais par contre on peut se rapprocher fortement du sujet.
 
- Accessoires optiques : Les bonnettes ou les objectifs macro.
La bonnette, est une lentille convergente, que l’on visse sur l’objectif, comme un filtre. Elle fonctionne comme une loupe, et permet d’obtenir des rapports de grandissement de l’ordre de 1 :1. Si la perte de luminosité, n’est pas le problème de ce genre d’accessoire, l’ajout d’une lentille engendre l’apparition d’aberrations optiques.
 Les objectifs macros, sont des objectifs conçus, pour obtenir des rapports de grandissement de 1 :1 voir plus, sans l’ajout d’accessoires supplémentaires.
 
Ayant un objectif macro (Canon EF 100mm f/2.8 USM Macro), je vais principalement vous faire part de mon expérience d’utilisateur d’objectif macro.
 
Tout d’abord, pourquoi ai-je choisi cet objectif macro ? Les objectifs macros, varient principalement par leur longueur focale. 50-60mm, 90-105mm, 150mm, 180mm…
Plus la longueur focale est grande, plus on peut se tenir éloigné de notre sujet. Donc pour des sujets farouches, comme des papillons, une longueur focale importante est nécessaire, pour éviter qu’ils s’envolent.
Pour l’objectif 100mm macro de Canon, pour obtenir un rapport de 1 :1, il faut s’approcher à 30cm environ, soit la distance de mise au point minimale.
C’est pour cette raison, que la plupart des photos réalisées, même avec un objectif macro, ne sont pas des macrophotographies. Pour faire seulement de la macrophotographie, il faudrait prendre toutes les photos à 30cm de notre sujet, en gardant la bague de mise au point au minimum.

Technique : Utilisation d'un objectif macro


Quelles sont les principales difficultés, liées à l’utilisation d’un objectif macro ?
 Il faut avant tout préciser qu’un objectif macro, peut servir à bien d’autres choses que de la macrophotographie. Il est par exemple un très bon objectif pour la réalisation de portraits. Car avec une ouverture de f/2.8, il permet de bien détacher le sujet photographié, avec un beau bokeh (flou artistique) en arrière plan.
Je ne parlerai pas des difficultés lors d’une utilisation hors macro, car elles sont minimes, et semblable aux objectifs classiques, avec une grande ouverture (faible profondeur de champ).
 
Tout d’abord, la première difficulté en photographie rapprochée, c’est la profondeur de champ ! A peine mon objectif reçu, je le visse sur mon boitier pour une petite sortie macro d’insecte dans mon jardin. Quelques clics et je me rends bien compte, de la difficulté ! A pleine ouverture et à 30cm de mon sujet, la profondeur de champ (PDC) est minuscule, à peine un millimètre. Donc tous les insectes photographiés, sont nets qu’au niveau des yeux, et encore, quand la mise au point est réussie !
 
Je décide donc de fermer, progressivement à f/4.5, puis f/9, pour obtenir un insecte à peu près net de la tête jusqu’au bout de l’abdomen.
Mais là catastrophe, l’objectif lumineux (f/2.8) devient difficilement utilisable, sans tomber dans le flou de bougé. Et comme le piqué est une chose essentielle, surtout en macro, ou chaque détail est important, l’ouverture doit rester au minimum de 1/100 voir 1/160 car utilisé sur un APS-C (facteur de 1.6). Comme nous l’avons vu dans le chapitre sur l’exposition, un dernier paramètre permet de faire varier l’exposition : la sensibilité. Je la passe donc à 400iso, voir 800iso. Mais gros problème la luminosité manque encore !!!
Comment faire ?
L’utilisation d’un flash et d’un pied pour stabiliser, est parfois indispensable, surtout si le soleil fait des siennes ! Le flash interne est très mal adapté à la macro, car étant peu surélevé, il engendre souvent une ombre en bas de l’image. Un flash externe n’est pas non plus des plus pratique, car il peut envoyer une lumière violente qui écrase les reliefs, et reflète des ombres, fortes et disgracieuses. Ce qui trahi l’utilisation du flash. Il faut donc diffuser ou réfléchir la lumière du flash pour mieux la répartir (voir la page sur l’utilisation du flash).
 
Le pied peut paraitre indispensable, d’abord pour apporter une stabilité, mais aussi pour faciliter la mise au point. Même s'il y a deux écoles, les macrophotographes avec et sans trépied. Pour ma part, j'utilise un simple monopode, qui me permet d'être mobile rapidement et de me placer à la hauteur du sujet que je photographie, tout en améliorant sensiblement la stabilité.
En dehors d'un trépied ou d'un monopode, on peut aussi utiliser un petit sac de sable ou de haricots, sur lequel on peut poser notre APN, on se situe donc légèrement au dessus du sol, et on est bien stabilisé.
On peut aussi s'allonger au sol, les coudes au sol, les bras en triangle, pour être stable tout en restant assez haut. De multiples techniques sont possibles, je vous laisse le soin d'en découvrir d'autres en fonction de votre environnement.
En macrophotographie, il faut la plupart du temps privilégier une mise au point (MAP) manuelle, car plus précise. La MAP manuelle, si elle peut s’avérer très difficile sur un objectif classique, elle est assez simple sur un objectif macro. Je m’explique : étant très proche du sujet à photographier, on voit parfaitement tous les détails par l’œilleton de visée optique. Et en faisant bouger la bague de MAP, on arrive facilement à déterminer la MAP correcte. Cependant, sans pied ou support de stabilité, le photographe (en tout cas c’est mon cas), bouge toujours, d’avant en arrière, ce qui déplace la MAP, à chaque mouvement. D’où la difficulté d’obtenir la MAP à l’endroit ou l’on veut, sans support pour se stabiliser.

La composition en macro :


Nous allons maintenant nous attarder sur la composition et l’esthétique en macro.
La technique étant assez difficile à maitriser, bon nombre de photographes se satisfassent, d’une photographie d’un insecte réussi techniquement : Bonne MAP, bonne PDC, bonne exposition…
Je suis actuellement dans ce cas, car ne maitrisant pas encore la technique, lorsque j’obtiens une photo réussi techniquement, je suis déjà ravi.
Cependant je garde bien à l’idée, que la macrophotographie, prend toutes ses lettres de noblesse, dans l’esthétique, la sensibilité qu’elle dégage et dans la composition. C’est un peu comme un portrait, si le regard ne dit rien, si on nous raconte pas une histoire, si aucune émotion ne passe, celui ci ne retient pas forcément l'intérêt de tous !
Une photo réussi techniquement, mais qui ne dégage rien, peut être classée facilement dans un bon bouquin d’entomologie, mais pas dans une galerie d’art.
La difficulté est donc de faire ressortir de la photo une émotion, de faire ressentir quelque chose à l’observateur, que se soit de la peur, du dégout, ou un sentiment, de complicité avec l’insecte, ou simplement un sentiment d’apaisement, de bien être esthétique…
 
Pour tout cela des règles de composition sont possibles :
- La première pour les insectes, c’est de se mettre à leur hauteur, ou même en légère contre plongée. Ayant des rapports de 1 :1, on se met dans la peau d’un insecte, sur le même plan que les autres insectes. Un peu comme dans le film Microcosmos, ou l’on a le sentiment d’être aussi petit qu’un insecte, et de vivre dans les mêmes conditions que lui.
En étant en légère contre plongée, l’insecte photographié, semblera nous dominer.
A la même hauteur que lui, il faut capter le regard de l’insecte, pour donner l’impression d’une communication, pourra même en ressortir un sentiment humain dans le regard de l’insecte.
 
- La deuxième pour tous les sujets, est de jouer avec la PDC. Sachant que celle-ci est très faible en macro, il faut jouer au maximum avec elle, pour bien détacher notre sujet de son environnement. Plus la composition est simple, plus la lecture de la photo est facilité, et plus rapidement le « lecteur » regardera les éléments essentiels.
D’autant plus que généralement les insectes sont sur une herbe, au beau milieu d’un pré. Si l’on n’arrive pas à dégager l’insecte sur sa feuille de l’environnement, le lecteur sera perdu, et aura du mal à trouver le sujet.
Ne pas hésiter à dégager le lieu, d’éléments parasites, par exemple en coupant, ou simplement pliant, les herbes autour de l’insecte.
 
- Autre règle de composition : comme en photographie classique, on peut utiliser les lignes pour guider le regard, vers les éléments importants de la photo.
Bien sûr la règle des tiers et des points de forces reste valable pour ce type de photographie. Mais comme toujours ce n’est pas une obligation. Les règles sont faites pour être outrepassées, surtout les règles de composition. Créez votre propre personnalité photographique !!

Vers d'autres sujets macro :


Pour finir je voudrais aborder un point qui me semble, aujourd’hui essentiel :
La macrophotographie, n’est pas exclusivement réservée à la nature (plantes ou insectes) mais peut être étendue à beaucoup de choses.
Voici quelques idées d’inspiration macrophotographique :
- Les gouttes d’eau (en chute libre et en studio, ou goutte de pluie et de rosée) restent un thème classique en macrophotographie
- Les textures sont rarement utilisées, mais demeurent un sujet très intéressant pour de belles photos abstraites. Par exemple des textures de matières comme le bois, la pierre, les aliments, la peinture, le verre… De multitudes de possibilités s’ouvrent à nous, mais il faut avoir l’œil, un œil macro !!
- Les formes, peuvent donner de magnifique compositions graphiques épurés, si tenté que l’on puisse avoir un sens artistique développé ! Jouer avec les courbes, les points de forces, les lignes, pour donner une photo agréable, forte ou douce, parfaitement bien équilibrée et composée.
- Les couleurs en macrophotographie, peuvent être utilisées pour renforcer une composition. Souvent utilisées avec les formes, elles permettent de donner une température ou un équilibre à l’image. Ne pas hésiter à jouer avec les couleurs complémentaires, qui comme leur nom l’indique sont complémentaires, vont souvent bien ensemble et se renforcent l’une et l’autre. (Rouge & Vert, Bleu & Orange, Jaune & Violet)
 
 
 
Voilà les conseils que je peux vous donner, je les ai appris par mes nombreuses lectures (web et livres) ainsi que par la pratique personnelle.
 

Catégories pouvant vous intéresser :

Autres publications pouvant vous intéresser :

Lightroom : post-traiter ses photos simplement

Sur cette page je vais vous expliquer comment utiliser un logiciel de post-production : Lightroom. Pourquoi Lightroom et pas un autre? D'abord parce que j'ai choisi Lightroom, grâce aux nombreux sites internet qui vantent ses qualités. Pour un premier pas dans la post-prod, j...

 

Netteté : accentuation fine sans dégradation par le filtre passe-haut

Pour augmenter la netteté de nombreuses possibilités s'ouvrent à nous. Dans une précédente publication je vous parlais de la méthode lab, particulièrement efficace. Dans ce post, je souhaite aborder une autre méthode d'accentuation de...

 

Netteté : accentuation fine sans dégradation par la méthode lab

Il n'est pas rare que suite à la post-production, certaines photo paraissent légèrement floue, en tout cas pas suffisament nette selon vos critères. Quelle qu'en soit la raison, Il existe de nombreuse solutions. Après avoir essayé bon nombre d'e...

 

Supprimer un élément indésirable sur une photographie

Qui n’a pas été enthousiasmé face à un paysage magnifique, une architecture majestueuse… ? Vous vous empressez donc de sortir votre APN afin d’immortaliser la scène, et là catastrophe : Un fil électrique, un panneau public...

 

Noir et Blanc : comment obtenir un beau rendu, bien contrasté

Vous avez sans doute remarqué que le noir et blanc (N&B) de votre appareil photo, ressemble plus à un ensemble de gris. Il en est de même pour les logiciels de retouche, les N&B obtenus par simple désaturation ou conversion en niveaux de gris manque cruellement de...

 



Créer un site
Créer un site